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On peut éteindre la lumière, pas le stress

Chris Gwyn – Directeur développement des ventes Amérique du Nord pour les ruminants
En collaboration avec Dominique Bouchut - Jefo Europe - Chef de marché pour les ruminants
Comprendre et gérer le stress chez les bovins : une approche globale
Réduire la consommation d’énergie est simple : il suffit d’éteindre la lumière. Mais gérer le stress des bovins est bien plus complexe. Le stress chez les animaux d’élevage provient d’une multitude de facteurs — plus de 30 ont déjà été identifiés, et ils interagissent entre eux en s’amplifiant mutuellement. Pourtant, dans le milieu de l'élevage, l’attention se porte souvent sur seulement quelques facteurs, considérés de façon isolée. En réalité, c’est l’ensemble des facteurs de stress qui agit collectivement sur la santé, la production, la reproduction et la longévité des animaux.
En comprenant mieux ces facteurs et leurs impacts, les producteurs peuvent mettre en place des stratégies permettant de réduire la charge, d’améliorer les performances et d’augmenter la rentabilité du troupeau.
Stress vs. charge subie : une distinction essentielle
Les bovins, en tant que proies, réagissent naturellement aux menaces perçues. Même si les prédateurs ne représentent plus un danger, les stress modernes — comme la chaleur, une alimentation inadéquate ou la manipulation — entraînent une charge physiologique.

« Toutes les vaches sont stressées, mais la charge subie correspond à la manière dont elles réagissent à ce stress. Par exemple, la production laitière est un facteur de stress, mais nous voulons des vaches qui montrent une charge minimale en réponse. »Dr Matt Lucy, de l'Université du Missouri
Le Dr Matt Lucy l’explique clairement dans le podcast RumiNation de Jefo :
Impacts of Stress and Strain on the Reproductive Health of Dairy Cows
* Écoutez l’épisode du podcast RumiNation de Jefo (disponible en anglais)
La charge subie influence à la fois la productivité et la fertilité. Si la génétique permet de sélectionner des vaches plus résilientes, la conduite reste primordiale pour limiter les sources de charge subie comme le stress thermique, l’alimentation ou encore les conditions d'hébergement. Les éleveurs doivent identifier les facteurs qui affectent le plus leur élevage et agir en conséquence.
Cinq grandes catégories de stress
Jefo identifie cinq principales catégories de facteurs de stress et propose des solutions pratiques pour les atténuer :
1. Stress lié aux conditions climatiques
Le stress thermique est l'un des défis liés aux conditions climatiques les plus faciles à identifier. Lorsque la chaleur interne de l’animal excède sa capacité de dissipation, son métabolisme s’adapte pour contenir la hausse de la température — souvent au détriment de la consommation alimentaire et de la production.
Une stratégie globale à la ferme est essentielle, surtout lorsque l’indice température-humidité (ITH) atteint 68 ou plus. Les solutions comprennent :
- Utiliser des ventilateurs, des brumisateurs et de l’ombrage
- Fournir de l'eau fraîche et propre
- Nourrir pendant les moments plus frais de la journée
- Augmenter la densité nutritionnelle des rations
- Distribuer les rations plus fréquemment pour éviter sa détérioration

Les vitamines du complexe B jouent un rôle essentiel dans la résilience au stress, en particulier les mélanges protégés qui favorisent la production de glucose et de protéines. La supplémentation des vaches taries est également cruciale : les vaches taries soumises au stress thermique représentent plus de 800 millions de dollars de pertes annuelles de lait aux États-Unis. Les veaux issus de vaches soumises à un stress thermique peuvent présenter un poids plus bas à la naissance, une immunité affaiblie et une production laitière future réduite.
D’autres facteurs de stress liés aux conditions climatiques — froid, humidité, neige, pluie ou variations de la luminosité — affectent également les animaux, principalement en réduisant l’ingestion de matière sèche et, par conséquent, la production.
2. Problèmes liés à la ration
Le stress nutritionnel peut résulter de modifications physiques de la ration, de la façon dont les vaches perçoivent ces changements ou encore de comportements sociaux tels que la compétition à l'auge. Tout changement en matière d’ingestion compromet l’équilibre énergétique, la production et la santé.
Le Dr Trevor DeVries, de l’Université de Guelph, explique que même la compétition pour l’espace à l'auge peut réduire l’accès à l’aliment et modifier le comportement. Lors de la réunion ADSA 2023, deux études remarquables ont été présentées :
- Taux d'occupation du bâtiment : plus de vaches à la mangeoire, c’est moins de consommation alimentaire.
- Hygiène des aliments : Une enquête portant sur près de 9 000 échantillons d’aliments a révélé une présence plus élevée d’agents pathogènes dans les rations totales mélangées (RTM) que dans les ingrédients individuels. Un aliment détérioré peut réduire la consommation alimentaire et la production laitière.

La constance est essentielle. Comme le dit le Dr Lucy : « Dans un monde idéal, les vaches reçoivent chaque jour la même RTM, à la même heure, distribuée par la même personne. » Une alimentation prévisible favorise la résilience et aide à diminuer la charge subie.
3. Les pratiques d'élevage
Les activités routinières peuvent involontairement générer du stress — qu’il s’agisse d’un temps prolongé loin de l’aliment, du surpeuplement ou de manipulations inadéquates. L’élaboration et le respect de procédures opérationnelles normalisées peuvent améliorer l’efficacité et réduire le stress.
Les principaux facteurs de stress liés à la gestion sont les suivants :
- Surpeuplement et espace restreint à la mangeoire
- Changements fréquents de groupe
- Mauvaise manipulation des animaux
- Transport
- Repos ou alimentation inadéquats

Le Dr DeVries souligne que le stress social — comme le mélange de jeunes animaux avec des plus âgés — peut nuire particulièrement aux jeunes vaches. De plus, des manipulations brusques peuvent faire augmenter le cortisol, altérer l’ocytocine et réduire la libération du lait. Des soigneurs calmes et sûrs d’eux favorisent des résultats plus positifs.
Le transport est également une source majeure de stress en raison du jeûne, du bruit, du surpeuplement et des environnements inconnus. Sans une gestion rigoureuse, cela entraîne une diminution de l’immunité, une hausse des maladies et une altération de la qualité des carcasses.
La période de réception en parc d’engraissement combine des changements d’alimentation, d’environnement et de groupe, ce qui provoque un niveau de stress élevé. Il est essentiel de soutenir les animaux pendant cette période en assurant des transitions alimentaires progressives et en mettant en place des stratégies nutritionnelles adaptées, incluant les vitamines du complexe B protégées.
4. Stades de production
Chaque étape de la production présente des facteurs de stress spécifiques :
- Sevrage : Les veaux, qu’ils soient laitiers ou d'engraissement, subissent un stress important au moment du sevrage. Chez les veaux laitiers, le stress déclenche des réponses inflammatoires et affaiblit l’immunité. Chez les veaux d'engraissement, une séparation brutale entraîne de l’agitation, une baisse de la consommation alimentaire et une forte augmentation du cortisol. Des stratégies comme la séparation progressive ou le sevrage en deux étapes peuvent en atténuer les effets.
- Vêlage : Le vêlage est très stressant. Mettre à disposition un enclos de vêlage calme et propre réduit le stress. Le stress post-vêlage peut retarder la reprise reproductive, en affectant particulièrement la santé utérine et le retour en cycle.
- Début de lactation : Une perte de poids importante durant cette période est un signe de stress et peut nuire la fertilité. L’évaluation de l’état corporel ou les nouveaux systèmes de suivi du poids par caméra permettent de détecter rapidement les problèmes et d’orienter les mesures correctives.

Le Dr Lucy souligne l’importance de soutenir les vaches en période de transition afin de favoriser le succès reproductif ultérieur.
5. La santé du troupeau
Le stress augmente la vulnérabilité aux maladies. La prise en charge rapide des problèmes de santé tels que la cétose subclinique, la mammite ou la boiterie est cruciale.
La Dre Meagan King, de l’Université du Manitoba, met en avant l’utilisation de technologies de précision — telles que le suivi de la rumination ou de l’activité — pour détecter les changements de comportement et intervenir rapidement. Ces outils aident les producteurs à mieux gérer les réponses nutritionnelles et sanitaires.
Le soutien nutritionnel est également essentiel. Des suppléments tels que la choline protégée et les vitamines du complexe B aident à réduire les troubles métaboliques, tandis que la biotine peut améliorer la santé des sabots.
Gérer le stress pour obtenir de meilleurs résultats
Il n’existe pas de « bouton d’arrêt » pour le stress animal, mais comprendre ses causes et ses interactions permet aux éleveurs d’en réduire les effets. Qu’il s’agisse du climat, de l’alimentation, de la dynamique sociale ou des maladies, chaque facteur de stress compte.
Les solutions Jefo, qui incluent des stratégies nutritionnelles et des outils éducatifs, aident les producteurs à réduire le stress, à améliorer le bien-être et à préserver la productivité. En misant sur la prévention et la précision, les producteurs peuvent favoriser des troupeaux résilients et en bonne santé, capables d’exprimer tout leur potentiel.
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